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2021 : l'année où les non-vaccinés sont devenus une minorité raciale (paru initialement sur Culture & Chanson)

 Avec l'autorisation de Culture et Chanson, nous publions leur article initialement mis en ligne ici

 http://lucmelmont.canalblog.com/archives/2022/01/04/39289787.html


Si certains ont pointé du doigt l'égoïsme de papy-boomers apeurés par leur propre mort qui n'ont pas hésité à mettre en place des confinements longs et épuisants pour 'lutter' contre le covid et 'sauver' des vies, d'autres ont poursuivi la réflexion en disant que l'égoïsme de toute une classe moyenne occidentale contemporaine n'ayant jamais réfléchi collectivement finalement sur la mort, donc sur la vie, avait entraîné une partie du monde dans une sorte de train fou. Au nom de quoi, par exemple, les Africains si peu touchés, si peu concernés (à l'exception de l'Afrique du Sud et d'une partie du Maghreb) devaient subir eux aussi des restrictions alors que pour eux le covid n'était certainement pas la première des menaces ?
 
Dans le fond doit-on sérieusement s'étonner ? Après tout, le monde entier a été mis en coupe réglée avec plus au moins de succès par l'Occident depuis des siècles. Pour le meilleur sans doute parfois, pour le pire assurément. Le monde  entier a cédé pendant des années aux injonctions du FMI qui répétait comme un mantra : réformes structurelles, réformes structurelles, réformes structurelles. Derrière ces deux mots se cachaient : les secteurs publics coûtent trop cher, privatisons. La santé publique devint un marché avec ses impératifs de rentabilité. A Quito,  à New York ou à Paris, nous en payons le prix. Il est violent.

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Evidemment, les pouvoirs ne retiennent rien de tout cela. En pleine crise covid, en France, les suppressions de lits d'hôpitaux  ont continué. Et au nom de la santé et d'une morale dévoyée, des milliers de soignants peu enclins à  se faire vacciner  avec une thérapie génique officiellement en phase d'expérimentation jusqu'en 2023, ont été licenciés, les mêmes qui étaient au front au pire moment de l'épidémie en mars et avril 2020, ayant vu certains de leurs collègues mourir du covid. Passons sur l'absence de matériel adéquat, les blouses ressemblant à des sacs poubelles etc. L'hôpital public serait mieux équipé en matériel à présent. Oui mais le personnel manque. Attention, nous sommes en France et parlons de la France, mais des situations similaires se sont produites en Belgique, aux Pays-Bas ou en Allemagne. 
 
Confrontés à leurs erreurs et incapables de se dédire, hostiles au débat et aux remises en cause, soutenus en cela par une partie du monde médiatique 'aux ordres' pour des raisons diverses et variées, nos gouvernants ont alors, de l'Autriche à la France, trouvé un bouc-émissaire idéal  : les non-vaccinés. 
 
Certains avocats, philosophes s'étonnent que cela ait marché (plus au moins). Hey men : on est en Europe ! Les sociétés européennes, bien plus que les autres, ont le goût des victimes sacrificielles, de l'oppression, des discriminations. C'est devenu délicat de cibler clairement des juifs, des musulmans, des homosexuels ou des noirs. On ne peut plus brûler les femmes en les accusant de sorcellerie comme autrefois. Vite, vite, il faut trouver une solution pour divertir l'opinion et lui éviter de réfléchir sur les causes profondes du désastre sanitaire. Il faut une minorité. Oui mais voilà cette minorité n'existe pas. Et alors ? On l'inventera !
 
Et en 2021, une nouvelle minorité fit son apparition dans la longue liste déprimante des minorités brimées par l'idéal européen :  les non-vaccinés contre le covid 19.
 
Il y a deux ans, on nous aurait dit cela, à la rédaction, nous aurions rigolé. Mais nous sommes plongés bien bas en Absurdie et ne rigolons plus. Peu importe que les vaccins n'empêchent pas la transmission, peu importe que les fact checkers autoproclamés (ils nous font rire, mais on les aime) eux-mêmes disent qu'il y a aussi de nombreux vaccinés hospitalisés, voire en réanimation. Peu importe que des scientifiques avancent que les 'vaccins' ont un effet limité dans le temps. Peu importe les suppressions de lits, peu importe le sous-investissement dans les système de ventilations. Le véritable problème, l'obsession ce sont ces intrépides non-vaccinés. 
 
A partir de là, s'est déployée toute la panoplie classique pour les discréditer, les livrer en pâture à l'opinion publique. Et ça marche dans des sociétés aveuglées par la peur de la mort, paralysées, anesthésiées, fatiguées, incapables de réfléchir. Cela prend une tournure affreuse sur les réseaux sociaux : quand une personnalité non-vaccinée décède, les commentaires 'bien fait pour elle'  ne tardent pas à fuser. Mais n'allez pas croire que seuls des esprits simples font ce genre de commentaires. Ainsi le 'philosophe' Enthoven se lâche sur twitter en essentialisant les non-vaccinés qui sont soit des cons soit des monstres. Il ne lui est pas venu à l'esprit qu'il peut s'agir de gens qui ont peur eux aussi. Mais toutes les peurs ne sont pas acceptables. Il serait tout à fait normal d'avoir peur au point d'enfermer toute une société pendant des mois. Mais avoir peur d'une thérapie génique en phase d'expérimentation, non, ce n'est pas permis. Il n'y a  d'ailleurs pas que la peur d'une thérapie génique. Il y a aussi la peur des effets secondaires délétères rapportés sur les sites officiels français (sans parler des décès puisque l'ANSM a du mal à établir leur lien avec le vaccin). En outre, c'est la simple conclusion de l'analyse risques/bénéfices, méthode pourtant mise en avant par le gouvernement, qui a conduit de nombreuses personnes à refuser le vaccin pour elles-mêmes ou pour leurs enfants. 


Il y a des moments effroyables tout de même : un chanteur français de grosse variété pro-pass sanitaire (autre folie dont nous avions déjà parlé) en Belgique s'adresse au public 'Dites à vos potes non-vaccinés qu'ils commencent à nous saouler'. Le public l'acclame avec ferveur. On n'ose se mettre à la place du non-vacciné présent ou du vacciné animé par le doute. Remplacez dans sa phrase 'non-vaccinés' par LGBT et vous nous direz ce que cela fait...et le public après avoir applaudi, plein de ferveur, rentre chez lui, heureux de cette belle communion contre les non-vaccinés.
  
La drame est quand dans des tribunes de journaux, des médecins s'interrogent, font mine de s'interroger : faut-il soigner le Non-Vacciné ? Le non-vacciné doit-il payer pour son hospitalisation ?* Nous pensons deviner leurs sinistres réponses au fond. Cela ne donne certainement pas un beau visage de l'hôpital. Les non-vaccinés comme les autres citoyens participent au financement de l'hôpital public. Et quand bien même un non-vacciné aurait un discours délirant, bête, archaïque, c'est son droit, et ce n'est certainement pas une raison pour vouloir sa mort. Bizarrement, aucune tribune pour s'interroger sur l'opportunité des soins apportés aux alcooliques, aux fumeurs ou autres drogués. Aucune tribune non plus pour s'interroger sur l'état de santé mentale de certains médecins de plateaux ou de certains ministres. 
 
 
Le mal est fait. Le gouvernement a choisi officiellement sa cible  : les non-vaccinés, environ 5 à 6 millions de citoyens sur les 68 millions de français.  Il faut le voir et l'entendre pour le croire. Rarement de façon aussi cynique, un pouvoir aura à ce point bafoué l'article 10 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, qui déclare que « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre établi par la Loi. »                                                                   
 
Citons les propos du philosophe René Chiche (un vrai, celui-là) sur twitter : 'Sachant que le laissez-passer vaccinal ne viendra pas à bout de la détermination des personnes non vaccinées à disposer librement d'elles-mêmes, qu'envisagez-vous ensuite pour briser leur volonté, @EmmanuelMacron Le bûcher ? Les électrochocs ? Le confinement ? Ou bien quoi ?'
 
Allons plus loin. Si tout le monde est vacciné et que malgré tout la tension hospitalière demeure, que fait-on ?
 
Le ciblage par un gouvernement des non-vaccinés légitime en tout cas les discours de haine à leur égard. L'incitation à la haine est pourtant considérée comme un délit en France. A la rédaction nous avons pris le parti sur facebook de signaler systématiquement tout commentaire morbide, haineux contre les non-vaccinés, cela ne doit pas être permis, pas plus que de traiter des vaccinés de moutons et de souhaiter leurs morts. Le respect nous honore, le mépris et la haine nous abaissent, nous avilissent et les divisions sont un terreau idéal pour un gouvernement à la dérive.
Après tout la France a signé en 1980 le  Pacte International relatif aux droits civils et politiques (adopté à New York le 16 décembre 1966 par l'Assemblée Générale des Nations Unies). Certes, un pacte sans réelle valeur quand on voit que l'Afghanistan ou le Turkménistan en sont les signataires aussi. Certains craignent que l'Europe ressemble à la Chine. Mais l'Europe n'a pas besoin de ressembler à la Chine Elle a juste à être elle-même : c'est à dire une société habituée pendant des siècles à cibler, briser, exterminer des minorités raciales, reglieuses, sexuelles, sociales par l'épée et le glaive, par le gaz ou les mitraillettes, par la mort sociale.
Certes, vous nous direz que c'est un peu partout pareil dans le monde. A une différence près : la société européenne a véritablement intellectualisé tout cela, justifié à travers des penseurs, des écrivains, des scientifiques la mise à l'écart de populations en Europe et dans le reste du monde. Arthur de Gobineau au 19ième siècle n'était ni péruvien ni papou mais un homme de lettres français convaincu de la supériorité de l'idéal aryen. Lui et tant d'autres sur la même ligne et dont les propos ont eu des conséquences funestes. 
 
Dans le fond, certains versent sur les non-vaccinés toute leur haine qu'ils ont d'autres catégories sociales ou ethniques de la société. Sur les non-vaccinés, tout est permis pour le moment, les gens se lâchent. Les mécanismes de haine à leur égard procédent des mêmes mécanismes que la haine raciale. Sans doute faudra-t-il rappeler  avec force l'existence de la loi Pleven du 1er juillet 1972 dont l'objectif était de lutter contre les discriminations raciales. Peut-être que les non-vaccinés devront s'organiser en associations pour combattre les discriminations ? 
 
Les non-vaccinés contre le covid 19 (et bientôt les non-vaccinés tout court) deviennent une cible à abattre dans une société hygiéniste et déraisonnable, où on ne lit plus la Boétie.  Peu importe qu'ils soient chômeurs ou cadres, blancs ou noirs, hétérosexuels ou homosexuels, de droite ou de gauche, qu'il aient le bac ou pas, la complexité de leurs identités se trouve réduite, ils sont essentialisés, les voici devenus purement et simplement des non-vaccinés avec tout l'imaginaire malsain qui colle à cette étiquette.
 
Dans dix ans,  vingt ans, on se demandera sans doute comment on a pu faire croire qu'une minorité de non-vaccinés contre le covid 19 ait pu faire l'objet d'une campagne de dénigrement aussi monstrueuse. Peut-être même qu'un homme ou une femme politique présentera avec courage ses excuses pour le mal causé. Et il y aura des intellectuels pontifiants pour expliquer que c'est de l'histoire ancienne, que  la société a changé. Puis une crise arrivera...et on trouvera une autre minorité. Et rappelez-vous, si on ne la trouve pas, il suffit de l'inventer...
 
La rédaction
 
Des liens utiles 
 
 
* On doit au professeur Grimaldi l'origine de ce débat nauséabond (doit-on sauver ou pas les non-vaccinés). Ce n'est pas la première provocation de sa part, lui, qui, selon l'artiste et producteur Bertrand Burgalat (dernier post sur instagram), a consacré sa vie  à compliquer l'existence des diabétiques.

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