Il pleut sur Chartres : 'aucune importance' pour Jann Halexander (bref entretien)

 
Jann Halexander par Pablo Korsakov


Sur Chartres, le temps est monotone, on l'appelle sur son mobile, il nous dit que c'est pareil dans le Maine-et-Loire où il a une maison : 'Ce temps maussade ces derniers jours c'est fatiguant. Habituellement j'aime la pluie, le vent, le gris mais je sens que la  société a besoin de soleil. Question d'énergie'. Son nouvel album 'Consolatio', que nous avons pu écouter en 'avant-première' contient 7 titres, pas un de plus, sans fioritures, avec de superbes arrangements et sur deux titres, des musiciens en prise directe, le pianiste Bertrand Ferrier et la saxophoniste Laurence Gastine. 'Je n'avais pas fait de véritable album conçu comme tel depuis 2017, le dernier c'était 'A Vous Dirais-Je'. Le public aime avoir des nouvelles chansons qui se glissent aux autres, aux anciennes. J'ai suivi mon intuition. C'est banal mais je m'y livre beaucoup'. 

Et voilà, il pleut sur  Chartres. Nous avions aimé le refrain pop et latino de 'Rester par Habitude', nous aimons le côté western de 'Consolatio' mais nos deux coups de coeur sont 'Souvenir d'Hadrien' d'après le roman de Marguerite Yourcenar, surprenante litanie dark wave et 'Je t'écris de l'Île de Pâques' qui ressemble à de la belle variété des années 70. Mais cet album qui sort en juin (distribué par Lalouline Publishig) n'a rien de serein.


'Je n'ai pas envie d'être serein, aussi bien sur le plan général, le monde autour de nous, que sur le plan personnel. Je vis entre Paris et ici mais Paris devient hors de prix, de plus en plus stressante. Je suis attaché à Paris mais s'il faut changer de vie, je changerai. J'ai l'habitude des hauts des bas, je suis constamment au bord du gouffre. J'ai parfois gagné beaucoup d'argent et d'autres longs mois il n'y avait rien, mais alors rien, pas même le minimum social.' Lorsqu'on lui dit qu'il a quand même fêté 17 ans de carrière au superbe Théâtre Michel l'an dernier entre deux confinements, dans le centre de Paris, il réplique 'Ce concert est la moindre des choses que je devais à tout un public qui me suit  en Europe. Certains médias me suivent aussi. D'autres pas, c'est sans doute une faute professionnelle. On ne dure pas comme ça. Le show-biz est violent. Je l'ai souvent dit dans les entretiens, j'ai un entourage extraordinaire et un public extraordinaire. Je ne veux pas dire 'mon public' mais en tout cas je leur donne tout que ce soit à Paris, Angers ou Bruxelles. C'est un public varié et je voudrais continuer de l'élargir. Mais c'est de plus en plus dur. Je ne crois pas du tout d'ailleurs que le public qui vient est acquis. Avant le covid c'était dur. Maintenant c'est encore plus dur. Beaucoup de gens se contentent de regarder les clips sur youtube ou d'écouter les chansons sur deezer, spotify. Pourquoi pas mais c'est un crève-coeur pour moi attaché au spectacle vivant. Dans ce cas que les plates-formes rémunèrent les artistes à leur juste valeur. Car à ce stade ce n'est plus de l'ubérisation, c'est pire. Je trouve que Benjamin Biolay ou Lapointe sont très courageux de pointer du doigt cette question. Parce que à part parler des intermittents, le milieu artiste ne se mouille pas vraiment. Mais attention, j'ai un beau parcours donc si je dois tout arrêter demain, il y a quand même une forme de fierté'. Cette fierté, que d'aucuns on pu qualifier d'arrogance, est justifiée. En plein confinement du 30 janvier au 24 avril, Jann Halexander aux côtés de Sultana, Claudio Zaretti, Bertrand Ferrier  a régulièrement chanté dans des lieux privés et fait le plein à chaque fois, à Paris et Vitry-sur-Seine. Mais bon, pour le chanteur, probablement que cela n'a aucune espèce d'importance. Pas plus que son prochain concert le 12 juin. 





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